Sigrid CARRÉ LECOINDRE, auteure

CONCERT-LECTURE // JE DEAMBULE SANS SERRE-TÊTE

D’après Les lettres à Anna, de Marina TSETAEVA.

Adaptation et mise en espace Sigrid CARRÉ LECOINDRE

 

Avec Agathe DE COURCY, Anne JEANVOINE et NICOLAS WORMS

4 juillet 2016 / Chapelle St Vincent

SYNOPSIS

En mai 1922 Marina Tsvetaeva quitte la Russie pour Berlin dans l’espoir de rejoindre son mari Sergueï Efron contraint à l’exil suite à la révolution. Elle est accompagnée de leur fille Alia. Trois mois plus tard, la petite famille s’installe dans la banlieue de Prague — où naîtra Murr — avant de gagner la France en 1925. Elle y restera jusqu’en 1939. 

C’est durant ces quatorze années françaises que Marina Tsvetaeva entretiendra une correspondance avec l’une de ses rares amitiés féminines, la traductrice tchèque de littérature russe Anna Teskova, rencontrée lors de son séjour praguois.


L'amour de Marina Tsvetaeva pour Prague est inconditionnel et devient en creux le révélateur de sa détestation pour Paris. En France, Tsvetaeva peine à trouver sa place. Paris est tissée de désillusion. Il n’y a que le vide, l’attente interminable, le coeur qui se brise. De Paris, ou plus exactement de Meudon, Marina plante l’exil. Elle crie la douleur du déracinement, l’impossibilité de vivre au présent d’une langue privée de lecteurs, le manque de temps pour écrire, d’espace pour sentir. Et son cri est celui solitaire du poète en exil, du poète sans échos.

L'exil de Tsvetaeva est un exil « double-peine ». En toile de fond du manque de ce pays de coeur qu'elle idéalise — la République tchèque — demeure le manque originel de cette Russie du souvenir vers laquelle on ne peut revenir parce qu’elle n’existe plus.


Pour coudre la mémoire et relayer la mélancolie, les mélodies tchèques et russes d’Anton Dvořák, Leoš Janáček, Vítězslav Novák, Piotr Ilitch Tchaïkovski et Sergueï Rachmaninov se feront les relais sensibles de ces mots qui, parfois même aux plus grands poètes, viennent à manquer.

 

Sigrid CARRÉ LECOINDRE

Marina TSVETAEVA

"Aujourd’hui pour la première fois après de longs jours passés à la maison, Murr est sorti. La journée était douce, pragoise : brouillard, petit vent, rêve. Nous nous promenions seuls, Murr, bleu azur, et moi. 

A 4 heures, le jour a commencé à tomber, la nuit a envahi l’espace comme un édredon. 

De bleu azur, Murr a pris la teinte bleue ardoise de Paris. Il n’y avait personne : juste Murr dans un nouveau costume, et moi — millénaire. "


Marina TSVETAEVA, Les lettres à Anna (extrait)